Intervention d'Yves AUREGAN lors du Conseil d'Agglomération Angers Loire Métropole du 12/07/21 à propos des Assises de la transition écologique et de la démarche participative de vote.
Nous saluons la démarche participative que constitue ces assises. Il est toujours intéressant d’informer nos concitoyens des enjeux que constituent le changement climatique, la perte de biodiversité, les pollutions de l’air, de l’eau et des sols qui ont tant d’influence sur notre santé et celle des écosystèmes.
Les propositions qui ressortent de cet exercice sont globalement intéressantes bien que d’importances inégales. Naturellement, nous appelons les habitants de l’Agglo à voter pour les plus ambitieuses d’entre elles.
Cette information a hélas été tronquée par la situation sanitaire et nos concitoyens n’ont pas eu « cette claque » qu’ont décrit les participants de la convention citoyenne pour le climat quand ils ont découvert les conclusions scientifiques et l’immensité du chemin à faire pour nous puissions continuer de vivre dans des conditions humainement tolérables.
Dans les 15 derniers jours, la planète a vécu un avant-gout des effets du changement climatique :
49,6°C au Canada, record mondial 54.4°C dans la vallée de la mort.
48°C en Sibérie.
50°C en Irak.
Pire canicule depuis 10 ans à New Delhi.
Inondations au Japon.
Feux de forêts en Californie, Chypre et Sibérie.
Famine climatique à Madagascar.
Le réchauffement climatique frappe des gens qui subissent les conséquences d’un phénomène qu’ils n’ont pas provoqué, qui est la conséquence d’un modèle de développement dont ils n’ont pas profité, et qui au contraire c’est fait sur leur dos.
Car en effet, la racine de cette situation c’est notre modèle économique qui détruit, qui épuise les ressources et qui, en plus, ne partage pas. Donc si on ne remet pas en cause fondamentalement ce modèle économique, on ne peut pas lutter efficacement contre changement climatique.
C’est là la limite du processus des assises. On reste dans la dynamique des « petits gestes ». Certes utiles mais totalement insuffisants et qui, de surcroit, ont été un peu « lissés » par rapport aux propositions citoyennes.
Si nous nous limitons aux propositions faites dans le cadre des assises et aux différents plans déjà annoncés, Serons-nous sur la bonne trajectoire ? Au vu des différents rapports qui sont sorti récemment (Haut Conseil pour le Climat, propositions de la convention citoyenne, pré-rapport du GIEC, …) Nous semblons loin du compte. (Je dis « nous semblons » car nous n’avons pas d’outils de mesure de nos trajectoires de transition écologique).
Que dirons-nous aux jeunes, à nos enfants, à nos agriculteurs quand ils souffriront des sécheresses annoncées, aux personnes, notamment les plus âgés, quand ils souffriront de canicules à répétition annoncées ?
Nous ne pourrons que leur dire nous savions mais nous n’avons pas eu beaucoup de courage pour agir. Que parler, ça on l’a beaucoup fait, Et je suis la ville la plus verte. Et je suis le premier dans ci dans ça, … Mais AGIR sur les causes, pas grand monde ne l’a fait.
Rappelez-vous déjà en 2002, il y a 20 ans, le président Chirac (qui a beaucoup parlé mais peu agit) déclarait :
« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. La nature, mutilée, surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer et nous refusons de l'admettre. L'humanité souffre. Elle souffre de mal-développement, au Nord comme au Sud, et nous sommes indifférents. La terre et l'humanité sont en péril et nous en sommes tous responsables. »
Car effectivement nous sommes responsables nous les élus, et plus particulièrement vous les responsables d’exécutifs. « Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas ! » Nous avons vis à vis de nos concitoyens une obligation de prudence et de sécurité.
Nous devons combattre « un sinistre de nature à créer un danger pour la sécurité des personnes ». Pennons donc garde à ne pas nous mettre hors la loi. Car vous savez bien que devant l’inaction climatique, de plus en plus d’actions judiciaires sont menés par des citoyens désespérés par le manque d’ambition politique.
Il faudra donc aller bien au-delà des propositions des assises et réévaluer les différentes politiques de notre Communauté Urbaine à la hauteur des enjeux. Comme on l’a déjà dit de nombreuse fois, nous sommes disponibles pour faire des propositions dans ce sens.
Le pire serait de se dire : On a fait les assises, maintenant on est tranquille de ce côté-là et on revient aux choses sérieuses : Compétitivité, Attractivité, Métropolisation, Excellence.
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