Intervention d'Elsa RICHARD lors du Conseil d'agglomération Angers Loire Métropole à propos de la présentation des CRAC (Compte Rendu Annuel à la Collectivité) des Zones d'activités économiques.
Nous voterons ces CRAC qui permettent de constater l’état des zones d’activités d’ALM notamment les restes à vendre. Et c’est précisément face à ce constat qu’il nous semble important de faire vivre le débat sur les choix d’aménagement économique d’Angers Loire Métropole car ils nous engagent toutes et tous pour des décennies.
Je le répète. Pour nous, écologistes, les politiques d’aménagement de notre territoire sont déterminantes dans notre capacité à atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés en termes de transition écologique.
Le projet de PLUi tel qu’il a été soumis à enquête publique, et qui encadre les prochaines ouvertures à l’urbanisation des espaces d’activités, n’est pas à la hauteur de cette transition, que ce soit en termes de consommation d’espace ou de réduction de notre dépendance à la voiture.
Si on ne parle que de consommation d’espace, on peut déjà citer trois conséquences d’une politique d’aménagement économique qui continuerait à se baser sur une logique d’expansion.
La première conséquence, la plus directe, est la destruction des sols. Dès que vous terrassez un m² de terres naturelles, vous détruisez la biodiversité qu’elles contiennent et toutes les fonctions qu’elles occupent.
La deuxième conséquence est la perte de la capacité de stockage du carbone : quand vous passez d’une prairie, d’un espace boisé, ou d’un espace cultivé, à un espace bâti et bitumé, vous déstockez du carbone dans l’atmosphère. La construction d’entrepôts, de voiries, de réseaux divers… restreignent cette capacité des sols à stocker le carbone.
En plus de ce déstockage du carbone, la troisième conséquence est l’augmentation des émissions de GES, liées aux transports, aux activités industrielles, et très généralement à l’augmentation des distance domicile-travail faites en voitures individuelles.
L’urgence climatique nous invite à changer notre modèle d’aménagement économique du territoire pour prendre une trajectoire écologique et nous permettre d’éviter les sinistres à venir.
Les chiffres des mutations de l’occupation du sol sur notre territoire sont très explicites sur notre surinvestissement dans les routes : En 10 ans, les espaces consacrés aux réseaux et infrastructures ont bondi de 42,7%. En surface, ils représentent autant que les espaces dédiés aux zones industrielles et commerciales. Pour le dire autrement, il y a une place disproportionnée donnée aux routes et aux infrastructures, qui a augmenté 6 fois plus vite que le reste de espaces urbanisés sur notre territoire (AURA).
Or, vous n’êtes pas sans savoir que le Haut Conseil pour le Climat a rendu une copie très sévère sur notre bilan national d’émissions de GES, qui ne s’approche en rien de la baisse que nous devrions atteindre si nous voulons éviter de prochains sinistres environnementaux et humains. Et parmi les problèmes majeurs, le secteur des transports est le seul des secteurs dont les émissions de GES ne baissent pas.
Nous devons à l’échelle d’ALM donner l’exemple, dès maintenant, et en faire une opportunité pour maintenir le cadre de vie encore préservé de notre territoire, pour susciter des innovations et expérimentations en matière d’urbanisme et d’écologie industrielle et territoriale.
Pour atteindre l’objectif sur lequel vous vous êtes engagés de réduire de -60% les émissions de GES de notre territoire, nous ne pouvons pas imaginer ouvrir de nouvelles zones d’activités comme avant.
Ainsi, nous vous proposons de travailler ensemble pour rehausser l’ambition écologique de votre projet d’aménagement pour ALM, et de saisir ce contexte pour ouvrir un nouveau cycle d’aménagement économique pour notre territoire.
Premièrement, nous vous proposons pour chaque nouvel espace dédié aux activités économiques, de procéder à une évaluation de son adéquation avec la trajectoire de transition écologique sur lequel vous vous êtes engagés. Il s’agira de veiller à la cohérence de la politique écologique de la communauté urbaine, pour agir face aux vrais enjeux.
Deuxièmement, nous vous proposons de lancer deux études complémentaires à l’étude friche en cours menée par l’AURA : d’une part, une étude sur le potentiel de densification des zones d’activités existantes ; d’autre part une étude sur le potentiel agronomique et écologique des espaces ENAF d’ALM.
Troisièmement, nous vous proposons, au regard de l’ampleur de sujet et de la manière dont il impacte l’ensemble de notre territoire, de saisir le Conseil de Développement sur ce que pourraient être différents scenarios réalistes, justes, et écologiques pour un aménagement zéro carbone de notre territoire. L’instance du Conseil de Développement apparait pertinente pour avancer collectivement et de manière concertée sur ce sujet complexe, et en particulier dans la phase de révision du SCOT dans laquelle ALM s’engage.
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