A 3 mois de la prochaine rentrée universitaire, la question de l’accès au logement pour les étudiant.e.s d’Angers doit être appréhendée à sa juste mesure. En effet, à mesure que la campagne de vaccination avance, nous pouvons espérer une reprise en présentiel des cours pour les étudiant.e.s en septembre.
Or, les réponses apportées par les pouvoirs publics dans ce domaine sont insuffisantes et traduisent encore un manque d’anticipation de l’évolution du nombre d’étudiants pour les prochaines années.
64% des étudiants éprouvent des difficultés pour se loger et 50% estiment le prix du loyer très élevé.
Depuis un an, depuis notre entrée au conseil municipal et communautaire en milieu d’année 2020, nous avons rencontré les organisations syndicales et écouté les étudiant.e.s d’Angers pour comprendre la situation dans laquelle notre ville se trouve à chaque rentrée universitaire depuis maintenant plusieurs années en matière de logement. Nous avons alerté le conseil municipal et communautaire pour demander une réponse d’urgence (150 étudiants sans logement un mois après la rentrée) ET une réponse de long terme en réclamant une nouvelle politique du logement à Angers dont l’objectif est d’assurer un accès au logement pour toutes et tous à des prix abordables pour les étudiant.e.s.
A court terme, nous avons demandé une mise à disposition d’habitat léger et temporaire sur des terrains disponibles ou encore un conventionnement avec des loueurs de meublé en courte durée (AirBnB) afin que ces derniers louent leur bien au prix du marché et sur une longue durée aux étudiant-e-s … Ces mesures d'urgence, applicables rapidement, adaptées aux difficultés de la crise sanitaire et aux besoins n’ont pas été étudiées par la municipalité …
En Conseil, la majorité a annoncé la sortie de résidences étudiantes privées pour les 3 prochaines années qui devraient, selon eux, répondre au problème. Or, le compte n’y est pas, tant en termes de quantité que de qualité de l’offre à venir. L’offre de logement public est très faible sur Angers. Pour les plus de 42 000 étudiants, on recense 2 340 lits Crous disponibles (soit 5,48%). Soit 1 point de moins que la moyenne régionale (6,45%). Et on estime à plus de 7 000 le nombre d’étudiant-e-s à qui l’on refuse l’accès à un logement public faute de place.
A long terme, nous devons rapidement engager avec la Région Pays de la Loire et avec le CROUS (dépendant du Ministère de l’enseignement supérieur), un plan d’investissement pour la construction de nouvelles résidences universitaires publiques à Angers.
Les quelques 170 logements que le CROUS a conventionné avec Angers Loire Habitat dans le quartier Saint-Serge ne suffiront pas à endiguer l’augmentation du nombre d’étudiant-e-s au moins prévu jusqu’en 2028 d’après les projections nationales.
Outre le manque de logement étudiant évident à Angers, il se dessine en parallèle et en connaissance de cause un scénario que nous n’acceptons pas pour notre jeunesse et pour notre ville étudiante : les nouvelles constructions de logement étudiant sont quasi exclusivement portées par le secteur privé. En effet, à construction constante, à la rentrée 2023, le nombre de logements en résidence universitaire publique sera inférieur au nombre de logements en résidence étudiante privée.
On le sait, le prix des loyers en résidences étudiantes privées y est bien plus élevé (Les Estudines : les tarifs proposés montent à 580€ pour un studio (sans charges d’électricité + taxe d'habitation) contre 255-350€/mois pour un logement Crous toutes charges et taxes d’habitation incluses).
Ce schéma participe à la précarisation croissante des étudiant-e-s, fragilise la solidarité financière familiale ou encore facilite le transfert d’argent public vers des sociétés privées à travers les aides au logement. Ce fonctionnement n’est ni au bénéfice des jeunes et des familles, ni au bénéfice des habitants qui voient le prix des loyers augmenter en raison de cette pénurie. Nous dénonçons cette fuite en avant.
Nous souhaitons également l’identification et la réservation de terrains disponibles pour accueillir des habitats légers à destination des nouveaux étudiant-e-s.
Enfin, nous souhaitons la mise en place d’Assises du logement à Angers afin de redéfinir notre politique locale en matière d’habitat. La place grandissante des plateformes telles que AirBnB, la baisse de la part des logements sociaux dans le logement à Angers ou encore le manque de solidarité entre les communes de l’agglomération concernant le logement social doivent être discutées en présence de tous les acteurs et les élus locaux.
Pour ces raisons, nous souhaitons que la Ville d’Angers engage avec l’Etat et la Région une concertation visant à augmenter significativement la part de logement étudiant public afin d’assurer à davantage de jeunes un accès abordable au logement pendant ses études à Angers.
La période des examens de fin d’année tend à s’achever pour les 40 000 étudiant-e-s d’Angers. Une année difficile pour une jeunesse qui a dû s’adapter à une situation inédite et habituellement déjà stressante. Nous les soutenons.
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