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Pour une politique de santé environnementale

Intervention de Yves AUREGAN sur la politique de santé, Conseil municipal du 25 avril 2022


Je voudrais évoquer un point qui est souvent le grand oublié des politiques de santé, je veux parler de la santé environnementale.


Nos styles de vie, nos moyens de productions de déplacement, notre surconsommation nous conduisent non seulement vers un chaos climatique (dont on voit de plus en plus mal comment on va y échapper), nous entrainent vers une sixième extinction des espèces mais aussi et surtout jouent sur notre santé en polluant nos aliments, notre sol, notre eau et notre air.

Je n’idéalise pas un monde d’avant où l’espérance de vie était beaucoup plus courte. Mais les progrès de l’hygiène et de la science pourraient nous faire espérer un monde où la santé environnementale serait mieux prise en compte dans les politiques publiques.


Je pourrais parler de la qualité de l’eau (très dégradée dans le Maine et Loire), de la pollution aux microplastiques, aux pesticides, … Mais je vais me concentrer sur la pollution de l’air sur laquelle la Ville peut avoir une action décisive.


Les scientifiques estiment que cette pollution de l’air entraine 100 000 morts prématurées par an en France, ce qui, ramené à la taille de la ville d’Angers équivaut à 220 morts prématurées par an. Cette pollution est aussi responsable de nombreuses maladies respiratoires et en particulier de l’asthme.


Outre les maladies respiratoires, la pollution de l’air est aujourd’hui associée aux maladies cardiovasculaires, à la démence, au vieillissement du cerveau et à des problèmes de fertilité. Les études montrent aussi que les enfants sont les premiers touchés par cette pollution en raison notamment de l’immaturité de leurs organismes et de la fréquence à laquelle ils respirent. Un grand nombre de pathologies qui prennent racine dès l’enfance (asthme, allergies, eczéma, obésité…) sont directement liées à la pollution de l’air.


Alors, quelle est la qualité de l’air à Angers ? On peut facilement trouver les chiffres sur AirPdL. Je précise que depuis janvier 2021, un nouvel indice de qualité de l’air est entré en vigueur et prend en compte les particules fines. Cela a fait réponse aux enjeux sanitaires car ce sont ces particules qui entrent le plus profondément dans les poumons et qui ont le plus d’effet sur la santé.


En 2021, il n’y a eu que 8 jours où la qualité de l’air a été bonne ! 8 /365 ça fait 2% du temps où la qualité de l’air est bonne.

Depuis le début de cette année 2022, il n’y aucun jour où la qualité de l’air a été qualifiée de bonne. Je répète 0 jour de bonne qualité de l’air. 9 jours où la qualité était mauvaise, 15 où elle était dégradée et pour le reste la qualité de l’air était moyenne ce qui veut dire supérieur aux valeurs recommandées par l’OMS.


D’où vient cette pollution de l’air ? Principalement de la combustion des hydrocarbures. Et donc les solutions qui réduisent l’émission de Gaz à Effet de Serre diminueront aussi la pollution.


Un premier point est lié au chauffage. Il est donc urgent de changer les moyens de chauffage et de mieux isoler les logements. Nous avons voté une déclaration d’urgence climatique. Et il semble que nous n’ayons pas la même définition de l’urgence. Le GIEC précise que si d’ici 3 ans nous n’avons pas infléchi fortement notre trajectoire d’émission nous ne pourrions pas tenir l’objectif de +1.5 ° de l’accord de Paris. Nous n’avons donc pas le temps d’attendre une future réécriture du PLUi pour changer nos objectifs de rénovation thermique. C’est maintenant qu’il faut agir.


Une autre source de pollution atmosphérique est le transport routier. Là aussi, on ne voit pas beaucoup de chose bouger. Il y a Urgence. On ne peut pas juste attendre l’arrivée du Tramway pour densifier les transports en commun.


Où en est la zone à faible émission ? Ne serait-il pas possible de commencer une préfiguration de cette ZFE ? Possible déjà d’apaiser et de baisser la circulation dans certaines rues en la limitant par exemple aux résidents ? Possible d’aller beaucoup plus vite sur le développement des modes doux en sécurisant plus de pistes cyclables.


Je ne veux pas terminer cette intervention sur la santé environnementale sans parler de ce nouveau temple érigé à l’automobile c’est à dire le parking silo à l’Académie en face du château.

Pour un écologiste, entendre parler de ce projet c’est un peu comme entendre Marine Le Pen dire qu’il faut abattre les éoliennes. On se dit « Ouah ! on en est encore là ! Six rapports du GIEC, des rapports sur la biodiversité, des alertes de scientifiques du monde entier et on en est encore là ! » à construire des parkings en plein cœur de ville. Si au moins, c’était des parkings relais en bout de lignes de tram ou de bus … Ce serait moindre mal.

En plus, pour reboucler sur la santé environnementale, ce parking silo est construit à quelques mètres d’une école primaire et maternelle et va forcément dégrader la qualité de l’air des enfants qui y seront scolarisés.

Une nouvelle fois, nous vous exhortons à abandonner ce projet.

Au minimum, il faut engager d’urgence une mesure d’impact sur la santé et qualité de l’air en faisant un avant après les effets sur l’école maternelle notamment et pourquoi ne pas faire un référendum local ou une conférence de citoyens pour connaître l’opinion des angevins sur ce projet anachronique.


Nous vous proposons donc d’accélérer fortement la rénovation des logements, de préfigurer la zone à faible émission, d’accélérer la sécurisation des modes doux de déplacement et d’abandonner ce parking silo de l’Académie.

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