Intervention d'Yves Auregan au Conseil municipal du 26 avril 2021 à propos de l'absence d'une stratégie globale pour la mobilité à Angers.
Vous avez annoncé récemment votre intention de renoncer à l’échangeur routier de Saint-Serge et de demander l’abandon du doublement du viaduc autoroutier de l’A11. Nous nous félicitons de ces décisions toutefois nous nous interrogeons plus globalement sur la mobilité à Angers. En effet ces abandons ne représentent qu’une partie d’un problème plus global : Il faut une vraie stratégie de déplacements sur la Ville et sur l’Agglo.
Et pour l’instant on ne la trouve nulle part : elle n’est pas dans le PLUi qui est très vague sur les déplacements. Elle n’est pas dans le Contrat de Transition Écologique que nous examinerons tout à l’heure. Peut être sera-t-elle dans les résultats des Assises de la Transition Ecologique, mais on peut en douter car ce n’est pas le bon format.
On reste donc sur les mobilités dans la politique du coup par coup sans vision stratégique.
Et pourtant avec 45% des GES sur Angers-Loire-Métropole viennent du secteur du transport routier. Il faut donc diminuer significativement la part de la voiture à Angers pour donner plus de places aux transports en commun et aux mobilité douces. Et de ce point de vue, on ne voit pas grand-chose, et même, on a toujours l’impression que vos aménagements donnent souvent la priorité à la voiture au détriment des pistes cyclables (pas de bandes cyclables non sécurisées).
D’ailleurs c’est votre ancien vice-président de l’Agglo en charge des déplacements (Bernard Dupré) qui en parle le mieux (en Mars 2020) :
« Il faut sans doute avoir une vision plus systémique. Je reconnais que les élus ont un peu de mal à imaginer une ville avec moins de voitures. Notre rôle est pourtant de donner l’impulsion et de se préoccuper du dérèglement climatique, le plus grand des enjeux. On manque certainement d’audace ».
Conseillez-vous à votre successeur de changer de braquet ? (Journaliste)
« La politique des petits pas n’est pas la plus efficace car on permet aux gens de s’adapter, plutôt que de changer leurs habitudes. Je peux comprendre qu’on ménage la chèvre et le chou en période électorale. Mais sur le long terme, c’est voué à l’échec. Il va falloir prendre des décisions plus radicales, avec une vision sur le long terme ».
Comment ? (Journaliste)
« En supprimant par exemple du stationnement en surface pour rendre la ville plus respirable et plus praticable, ou en privilégiant les parkings situés en marge de l’hypercentre ».
Il concluait par :
« On a globalement laissé trop de place aux voitures, pas assez aux vélos. Si on veut que ça bouge plus vite, il va falloir davantage contraindre les automobilistes en ville ».
Le gros mot : « contrainte ». J’entends déjà les cris « écologie punitive ». Mais ce n’est pas moi qui le dis c’est un ancien membre éminent de votre majorité. Je pense que ça ne vous empêchera pas, comme d’habitude, de déformer mes propos et de dire que les verts veulent interdire la voiture alors que nous voulons juste favoriser les déplacements en transport en commun et les modes doux.
J’ai l’impression que ce problème de favoriser le transport en commun et les déplacements doux et, comme l’espace public en ville n’est pas extensible, de contraindre un peu plus la voiture en ville (entre la voirie et les parkings la voiture occupe 70 à 80 % de l’espace public) n’avance pas vraiment. Nous ne sommes plus en période électorale vous pourriez avoir plus d’audace et sortir du « en même temps » sur les mobilités. Il faut rappeler sans cesse qu’il y a une urgence écologique même s’il y a aussi, malheureusement, beaucoup d’autres urgences.
Au cours du dernier mandat, la majorité a clairement eu une politique d’attraction des voitures en ville. Il y avait au moins une des raisons à cela qui était valide : attirer vers les commerces de centre-ville et naturellement nous soutenons l’objectif de maintenir vivant le cœur de ville.
Néanmoins, les temps changent. Dans un sondage IFOP de septembre 2020, la question était : « Certains maires ont décidé de réduire énergiquement la place de l'automobile au profit d’autres modes de transports (ex : bus, vélo). Souhaiteriez-vous que votre municipalité adopte une telle mesure dans votre commune ? », 62% des habitants de villes de 100.000 habitants et plus se disent pour.
Les temps changent, les esprits changent. On peut attirer les gens dans des parking relais et les laisser finir leur voyage en transport en commun ou en vélo en créant des parking relai vélo avec mise à disposition de bicyclette électrique (c’est moins cher qu’un nouveau tramway). Pour les commerçants, il a été montré que le commerce était favorisé dans les zones sans circulation automobile (étude du CEREMA)
Pour finir un signal fort pourrait être de mettre en place un de vos engagement de campagne : Pendant la campagne votre équipe avait répondu à un questionnaire de la FUB « parlons vélo ! » et à la question n°6 intitulée « Transformer en zone piétonne le cœur de ville d’Angers ».
Il s’agit de réduire la place de la voiture en ville en apaisant la circulation entre les boulevards Foch, Résistance et Déportation, Carnot, Ayrault, Arago, Arnaud, Général de Gaulle et roi René, en donnant la priorité aux transports en commun, aux piétons et aux modes de déplacement actifs et en limitant l’accès au centre-ville aux seuls véhicules des riverains et des professionnels (artisans, livreurs…), des personnes en situation de handicap et des usagers des parkings. Il convient de réaménager en ce sens le nouveau cœur de Maine.
Votre équipe avait répondu « je m’engage ». Quand tiendrez-vous cet engagement ?
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