Intervention d'Elsa RICHARD au Conseil municipal du 28 Septembre 2020 à la délibération n°2 – Rives Vivantes - Deuxième étape de Cœur de Maine - Lancement de la concertation préalable et délibération n°3 - ALTER Public - Convention de mandat d'études et de réalisation pour la période 2020-2027.
Parmi les projets d’urbanisme qui impacteront nos quotidiens pour de longues décennies, Rives vivantes n’est pas des moindres. C’est pour cette raison que nous souhaitons attirer votre attention sur au moins trois points.
Tout d’abord, d’après la délibération, la cible de la concertation englobe les habitants, les associations locales et les autres personnes concernées. Ce dernier terme est très ouvert. Au regard des incidences de ce projet qui dépasseront largement les riverains, et toucheront des questions d’urbanisme, de patrimoine, de paysage, d’écologie, de mobilité, d’économie circulaire, de commerce local, d’accès à l’hôpital… il sera important de convier formellement ces sphères-là qui ne sont nullement mentionnées dans cette délibération.
Ensuite, les modalités de la concertation sont peu détaillées : il y aura « une ou plusieurs réunions publiques », « une ou plusieurs permanences », et les supports pour communiquer sur cette concertation ne sont pas étayés. Seule la voie de presse est évoquée, ce qui, le cas échéant serait bien insuffisant pour prétendre conduire une concertation sur un projet aussi central pour Angers.
Enfin, et non des moindres, la délibération évoque les sites à aménager et précise que le projet pourra évoluer selon les issues de la concertation, et en même temps on apprend, par voie de presse, qu’il y aura une « collectrice », c’est-à-dire une bretelle d’entrée sur la 4 voies, permettant aux automobilistes venant du pont de Verdun et allant vers Nantes de rejoindre directement la voie des berges.
Cela signifie-t-il que finalement le projet est déjà arrêté ?
Cela signifie-t-il qu’une nouvelle infrastructure routière va être construite en plein cœur de Ville ?
Le cas échéant, il faudrait nous expliquer plus clairement comment vous allez résoudre cette équation du cinquième degré. Comment peut-on envisager une reconquête paysagère et patrimoniale aux abords du pont de Verdun, garantir une transition écologique du territoire et en même temps développer l’accès à la 4 voies. On a quasiment l’impression d’un projet de shadoks, qui continuent perpétuellement à alimenter ce qui, précisément, entrave cette reconquête de la Maine.
La modernité des 1970-80 était de construire des autoroutes en plein cœur de ville (inauguré en 1985). On disait à l’époque que c’était très bon pour le développement économique. Mais la modernité se démode très vite et tout le monde s’accorde aujourd’hui pour dire que cette saignée autoroutière était une grave erreur.
Les voies sur berges restent un problème insurmontable pour la reconquête de la rive gauche de la Maine. Il est clair que ce n'est pas un problème facile à résoudre, mais on ne résout pas un problème en l'enterrant, fût-ce sous une dalle de 7 500 tonnes de béton.
En raison de cette faute initiale, que l'histoire jugera sévèrement tout comme elle a jugé la construction de l'autoroute urbaine, les aménagements qui peuvent être réalisés sur la rive gauche de la Maine ne pourraient être au mieux que des pis-aller.
Certes la reconstruction de continuités écologiques, la construction de liaisons douces sont de bonnes idées. Mais qui aura envie de se promener au bord d’une 2x2 voies dans le bruit et la pollution ?
Il est urgent de cesser de tels aménagements irréversibles, tant d’un point de vue urbanistique que financier, et de laisser la possibilité aux générations futures d’adapter aisément la ville qui leur aura été léguée.
Pour cette raison, et faute de précision sur la résolution de cette équation du cinquième degré qu’est la Rive Gauche Vivante, nous nous abstiendrons donc sur ce vote et le suivant.
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