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Reconnaissance de l'urgence climatique




Intervention d'Elsa Richard, sur la reconnaissance de l'urgence climatique, Conseil d'agglomération Angers Loire Métropole le 17 janvier 2022

À travers cette délibération, nous nous apprêtons à nous engager auprès de l'ensemble des habitantes et des habitants du territoire sur une trajectoire très ambitieuse de réduction des émissions de gaz à effet de serre.


Cette trajectoire est à la hauteur des enjeux, aussi nous souhaitons souligner l'effort de votre majorité pour essayer de comprendre et de répondre à cette urgence écologique, même si cette délibération ne correspond plus tout à fait à ce que nous avions proposé, à savoir un objectif clair et non un « tendre vers », et à savoir également un engagement sur un plan par secteur pour l'atteindre.


La reconnaissance de l'urgence climatique est symbolique.

Nous croyons aux symboles, à condition toutefois qu'ils soient véritablement suivis d'effets. Pour être honnête, nous pensions cette reconnaissance un peu superflue tant le consensus scientifique sur ce point est total aujourd'hui.


L'actualité récente a montré qu'il existe encore des gens très près de chez nous, géographiquement parlant, qui remettent en cause la véracité du problème et que l'on pourrait qualifier de climatosceptiques, voire de climato négationnistes aujourd'hui.


Il nous semble nécessaire de rappeler ici 2 points élémentaires.


  • Le premier est que le changement climatique est scientifiquement établi, qu'il est reconnu aujourd'hui par l'État et par la justice comme une réalité dont nous ne pouvons ignorer ni les causes ni les conséquences et dont nous sommes responsables.


  • Le second point est que le changement climatique est aujourd'hui reconnu comme un sinistre à combattre et pour lequel les élus doivent tout mettre en place pour y parvenir, car nous sommes responsables.


La seule solution aujourd'hui pour offrir un cadre de vie supportable pour les décennies à venir est de décroître nos émissions de gaz à effet de serre de 5 % par an jusqu'au zéro émission nette. L'effort à faire est immense car nous n’avons réduit nos émissions à ce jour que de 20 % en 30 ans.


Ce que nous nous apprêtons à voter aujourd'hui est une réduction de moitié en l'espace de 8 ans. La pente est quasiment 8 fois plus raide.


Cet objectif implique au minimum de réduire de moitié le nombre de véhicules thermiques circulant sur le territoire par rapport à ce jour.


Cela implique de rénover plus de la moitié des passoires thermiques en 8 ans, soit plus de 5 000 rénovations énergétiques performantes par an à l'échelle de notre territoire. Cela implique de diminuer la part carnée dans notre alimentation.


Cela implique de réduire les consommations énergétiques des bureaux, de l'industrie, des commerces, de nos modes de consommation.


Or, en continuant la politique actuelle des petits pas, nous ne serons pas sur ces objectifs. Autrement dit, une rupture finalement dans les politiques menées par Angers Loire Métropole doit être opérée. C'est là où cette délibération doit être accompagnée, à notre sens, d'une mise en œuvre réelle, car nous ne voyons pas à ce jour, dans les faits, des inflexions qui nous laissent croire que nous sommes réellement à la hauteur ou que les politiques que vous menez soient réellement à la hauteur.


À titre d'exemple, le développement des transports en commun est aujourd'hui insuffisant. Il ne reste en tout cas pas attractif à l'échelle du territoire de prendre les transports en commun plutôt que sa voiture.


Vous avez acté un Plan vélo de 10 millions d’euros quand Tours, par exemple, investit 130 millions d’euros. Le réseau cyclable reste aujourd'hui très peu sécurisé, très peu dense à l'échelle de l'agglomération. La piétonnisation des lieux de vie est au ralenti.


La tension, la flambée sur le marché immobilier, avec un ralentissement du logement social par exemple, produit un report des ménages sur le périurbain qui augmente les distances domicile-travail, qui augmente la précarité énergétique des ménages, qui restent ainsi toujours aussi dépendants de leur voiture, puisque, de fait, il n’y a pas de transports en commun suffisamment efficaces.


Vous vous félicitez de l'engagement des 170 millions d'euros dans le Territoire intelligent, au nom de la transition écologique, mais finalement, on n'a jamais de données solides sur les gains énergétiques et les gains de gaz à effet de serre qui seront réellement réalisés une fois qu'on a soustrait le coût énergétique de la Smart City.


Vous produisez un aménagement du territoire encore très consommateur de foncier. À titre d'exemple, la récente zone Océane à travers laquelle vous nous offrez un aménagement du territoire qui reste très dépendant du routier, qui reste aussi très émetteur en gaz à effet de serre dans sa conception comme dans ses usages.


Comprenez ainsi que nous ayons du mal à voir clair entre vos intentions, qui sont probablement très sincères, et leur mise en œuvre concrète à l'échelle de votre mandat.


Une des premières mesures à prendre serait par exemple de pouvoir mesurer au sein des communes et de l'agglomération notre budget carbone pour suivre la trajectoire qui est décidée.


On doit prendre autant au sérieux les émissions de gaz à effet de serre, qui est une dette climatique, que la dette financière.

À quand, par exemple, un service de comptabilité de gaz à effet de serre au même titre qu'un service financier, au sein de notre institution ? Au-delà du symbole, il est de notre responsabilité de nous engager à mettre en œuvre très rapidement cette trajectoire de neutralité carbone.


Ce sont des dizaines d'années de déni, de mépris ou d'indifférence à l'égard de cette problématique qui conduisent aujourd'hui des centaines de milliers de personnes à souffrir d’éco anxiété, en particulier chez les jeunes. Nous devons tout mettre en œuvre pour combattre le sinistre climatique qui est déjà là.

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