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6500€/m² ? Pour un encadrement de l'immobilier à Angers.

La ville d’Angers a cédé un site patrimonial extraordinaire de 6640 m² en plein cœur de Doutre pour 1 million d’euros. L’ancien foyer d’Ambray et anciennes Usine Savaton Hamard, situé entre les rues de la Harpe, Lionnaise et Vauvert. Cet ensemble sera rénové en 39 logements haut de gamme, sur 2100 m² de surface habitable, et vendus au modeste prix de 5500€ à 6500€/m².


Si nous comprenons l’investissement financier nécessaire pour sa rénovation, deux dimensions de ce projet nous questionnent :


- D’une part, de prime abord, il apparaît dommage en effet de voir cédé au privé un site patrimonial aussi extraordinaire à Angers au regard de son intérêt historique, architectural et urbanistique : combien de mairies (et qui plus est de grandes villes) rêveraient aujourd’hui d’avoir la maîtrise sur son patrimoine industriel et manufacturier pour prolonger et faire vivre l’histoire, pour rendre accessible aux plus grands nombre ces héritages inspirants (d’autant plus après-covid où les capacités industrielles locales sont réinterrogées)? Les villes qui ont fait ce choix semblent en tirer de nombreux bénéfices, à l’instar des ateliers et chantiers de l’île de Nantes. On a l’impression sur ce projet que nous laissons filer une excellente opportunité culturelle, historique, patrimoniale et touristique… nous le regrettons.


- Mais au-delà de cela, après tout, (et cela sera mon second point), nous pouvons comprendre un autre choix. En effet, réhabiliter en logements privés ce site patrimonial peut être une évolution raisonnable, qui suscitent d’ailleurs l’adhésion des riverains en raison du respect architectural et du maintien de la densité existante. Céder au privé cet ensemble patrimonial dans lequel la collectivité ne préfère pas investir au regard de l’ampleur des travaux nécessaires et de l’absence de projet municipal associé peut être compréhensible (même si nous le regrettons comme exposé précédemment).

En revanche, permettre la réalisation des logements hauts de gamme alors que le prix de cession reste très modeste, retient notre attention. En effet, pour 1 millions d’euros (soit environ 150€/m² en plein cœur de ville pour un terrain avec bâti patrimonial, certes vétuste, mais chargé d’histoire quand même !), et même si cela correspond à l’estimation de France Domaine, on peut imaginer que la Ville œuvre pour une maîtrise des prix de l’immobilier sur Angers.


Or l’opération, qui prévoit la réalisation de 2107 m² de logements hauts-de gamme, constitue un risque d’attiser l’envolée des prix de l’immobilier.

L’acquéreur s’apprête à réaliser une culbute de plusieurs millions d’euros, malgré les coûts de réhabilitation. Les prix de vente affichés varient entre 5500 et 6500€/m², loin des 4000 à 4500€ annoncés initialement (37 m² à 232 800€ / 92 m² à 498 300€). Sans grand doute, ces appartements n’auront d’intérêt que pour celles et ceux qui chercheront une opération de défiscalisation.


La question que nombreuses et nombreux se posent est alors de comprendre pourquoi la ville d’Angers accepte-t-elle de céder à bas prix son patrimoine exceptionnel sans chercher à maîtriser davantage l’envolée des prix de l’immobilier sur Angers? Pourquoi la ville s’ampute-t-elle ET de son patrimoine ET d’une opportunité d’encadrer a minima son marché de l’immobilier ?


Le logement est en crise à Angers. La maîtrise des prix de foncier devrait être, selon nous, une urgence absolue, tant d’un point de vue social (permettre de se loger à Angers, maintenir une mixité dans la ville) qu’écologique (réduire l’étalement urbain en maintenant les ménages et les familles dans le centre).


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