Plus qu’un mot, c’est un concept à la mode, à droite, au centre, à l’extrême droite parfois ... La notion d’ « écologie punitive » est évoquée régulièrement par tout un tas de personnes qui voient, dans le respect de l’environnement, une fâcheuse contrainte supplémentaire à leur existence.
Depuis l’installation du nouveau Conseil Municipal d’Angers, nous avons déjà eu l’occasion de l’entendre à de nombreuses reprises : par le Maire (lors du Comité syndical du PMLA du 24 juillet 2020 en réponse à l’intervention d’Elsa Richard sur l’avis à donner sur le PLUi d’ALM), par son adjoint à l’urbanisme (lors du conseil municipal du 20 juillet 2020 en réponse à l’intervention de Yves Aurégan sur le réaménagement de la Place Kennedy) ou plus avant encore par son adjoint au quartier Justices/Madeleine/St Léonard lors d’une émission de radio (RCF Anjou, émission des Hauts et débats, 24 juin 2020 au sujet de la convention citoyenne pour le climat).
Pour ne prendre que ces trois cas, à chaque fois, le concept a été brandi comme un argument barrière face à une entrée remarquée voire menaçante de l’écologie dans le débat. L’idée d’« écologie punitive » est devenue une rhétorique bien rodée pour maintenir l’illusion que l’écologie serait une idéologie liberticide. Sur quoi se fonde ce concept ? Que veulent nous dire ces élus qui l’utilisent comme une fin de non-recevoir sinon qu’ils défendent des intérêts plus individuels que collectifs ? Quelle peur se cache derrière ces simulacres de procès intentés à ce qui ne se veut que le progrès social du XXIe siècle, à savoir l’écologie érigée comme règle de vie en société ?
Car l’écologie punitive n’existe pas ! Ou du moins elle n’a rien de punitif, pas plus que la prévention routière, le droit des enfants ou simplement les règles de civilité.
Il est peut-être nécessaire de revenir aux fondamentaux. Rappelons que notre vie en société n’est possible qu’avec des règles de vie commune. Depuis des siècles, des millénaires, nous avons introduit des règles de vie qui nous ont permis progressivement de pouvoir vivre respectueusement, dignement, humainement, les uns avec les autres. Aujourd’hui, ces règles nous apparaissent d’une évidence stupéfiante.
Qui dirait aujourd’hui que la déclaration des droits de l’homme et du citoyen a été punitive ? Qui dirait que le droit des enfants est punitif ? Qui dirait que la prévention routière est punitive ? Qui dirait aujourd’hui que les règles de civilité sont punitives ? On pourrait multiplier les exemples longtemps. Ces évolutions sont-elles liberticides ?
Est-il raisonnable et responsable de parler de démarches punitives dès lors que l’on améliore nos règles de vie collective ? Dans nos sociétés, la liberté consiste précisément à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Des règles sont nécessaires pour vivre en société. Elles permettent de préserver les intérêts supérieurs des individus.
L’écologie s’inscrit ni plus ni moins dans la même logique. Nous savons aujourd’hui que la préservation de l’environnement constitue une condition de stabilité de nos sociétés voire de notre survie. L’écologie n’est ainsi qu’une forme de régulation collective. Sans eau buvable, sans air respirable, sans fruits et légumes comestibles nous ne saurions vivre très longtemps. Mais également sans énergie, sans ressource matière, sans climat supportable, nous ne saurions vivre en paix très longtemps. Alors que les menaces environnementales n’ont jamais été aussi visibles et imminentes, l’écologie demeure une condition nécessaire au maintien de nos équilibres de vie sociale et de nos libertés.
Si d’aucuns ne souhaitent probablement dégrader l’environnement, l’écologie apparaît toutefois encore fâcheuse pour celles et ceux qui préféreraient que rien ne change, par peur, par confort ou par ignorance. Ces personnes là devront toutefois expliquer, un jour ou un autre, au nom de quel intérêt supérieur peuvent-elles justifier leur posture conservatrice et continuer à voir, dans l’écologie, une punition.
Elles sont aussi la possibilité d’affronter leur peur et/ou de s’informer davantage, pour reconnaître, enfin, que la punition n’est pas l’écologie, mais bien de nous confisquer notre environnement et de ne rien faire pour que cela ne change.
Elsa RICHARD
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