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Une politique de stationnement irresponsable et inconséquente

Intervention d'Yves AUREGAN sur la politique de stationnement, conseil communautaire Angers Loire Métropole du lundi 15 avril 2024


La politique de stationnement est aujourd’hui considérée comme l’un des principaux leviers des politiques de déplacements urbains pour favoriser le report modal, pour lutter contre la pollution atmosphérique et les nuisances sonores associées à la voiture, pour reconquérir l’espace public et redonner de l’espace aux piétons et vélos.


Des études ont par exemple montré que, s’ils ont une place réservée sur le lieu de travail, 46% des gens prennent leur voiture tous les jours alors qu’ils ne sont plus que 7% à venir au travail quotidiennement en voiture s’ils doivent se garer dans la rue.


Ceci illustre le rôle déterminant du stationnement à destination dans le choix modal en faveur des modes de transport alternatifs à l’automobile.

Mais là, vous ratez le coche, sur au moins deux aspects fondamentaux.


D’une part, sur la localisation des parkings. En effet, la grande majorité, sinon l’ensemble des parkings gérés par Alter Services pour le compte d’ALM sont situés à Angers. Et plus précisément, dans et tout autour de l’hypercentre d’Angers.


Le stock de stationnement en ouvrage est parmi les plus hauts des villes françaises de même taille (34 places de stationnement pour 1000 habitants, contre deux fois moins à Tours 17/1000, ou au Mans 23/1000).


Or, pour avoir une politique cohérente de stationnement sur le territoire, il est nécessaire d’insérer cette politique dans une réflexion globale sur la mobilité. Par exemple si on veut construire des parkings-relais, il faut les construire en amont des congestions de circulation et assurer un haut niveau de services pour les transports en commun.


Le modèle vertueux pour baisser la part de voitures c’est donc plutôt : rabattement (parking à voitures ou vélos) + transports en commun à haut niveau de services. Ça ne sert à rien, et c’est même contreproductif, de les construire à l’arrivée.


D’autre part, sur la politique tarifaire, vous continuez à privilégier la voiture au profit des modes moins impactants. Car si on vient faire un tour d’1h à Angers, en bus sans abonnement, on en a minimum pour 3,20 € alors que si on stationne 1h dans un parking en ouvrage c’est gratuit. Cela va complètement à l’inverse de l’objectif de report modal vers les transports en commun.


Donc là, nous prenons un engagement sur les 15 prochaines années, incluant cette première heure gratuite, sans rediscuter ni de politique générale de stationnement, ni de mobilité en général. On s’engage à assurer la première heure gratuite jusqu’en 2039, comme si on n’avait pas pris l’engagement de faire baisser les émissions de GES de 60% d’ici là, comme si le trafic automobile n’allait pas bouger d’ici là, comme si de rien …


C’est irresponsable et c’est inconséquent.

Toujours sur ce sujet de la première heure gratuite, je suis choqué de voir qu’elle n’est chiffée nulle part. Pourtant c’est une contrainte que nous ajoutons à Alter Services et on devrait donc la voir sur une ligne « Contraintes de sujétions de service public ». On ne voit rien, on voit juste, en regardant les tableaux, que la redevance variable sera nulle en 2024, 2025 et 2026.


Sur la 1ère heure, on peut juste se faire une idée à partir du ticket moyen. En estimation haute le ticket moyen est à 2€, ce qui veut dire qu’en moyenne les gens restent 2h. S’il n’y avait pas l’heure gratuite, ils payeraient donc 4€ soit le double.


On peut donc estimer à la louche qu’on doublerait la recette horaire de ces 9 parcs soit un peu plus de 2 millions d’euros par an.

  • 2 millions d’euros juste pour l’heure gratuite dans ces 9 parkings (il manque Le Ralliement, Fleur d’eau)


  • 2 millions d’euros pour subventionner le déplacement en voitures


  • 2 millions d’euros pour une mesure anti-écologique


Vous comprendrez bien que nous ne pouvons pas voter pour cette délibération.

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